Depuis quelques années, de nombreuses entreprises ont pris conscience de l’importance d’intégrer des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans leur stratégie. La directive européenne sur le reporting extra-financier, connue sous le nom de CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), vient renforcer cette démarche en imposant de nouvelles exigences aux entreprises concernées. Dans cet article, nous allons explorer ce qu’est la CSRD, les changements qu’elle apporte, et comment les entreprises peuvent se préparer à ces nouvelles obligations de reporting.
Qu’est-ce que la CSRD ?
La CSRD est une directive européenne qui vise à améliorer et à standardiser le reporting extra-financier des entreprises. Elle succède à la Non-Financial Reporting Directive (NFRD) et introduit des règles plus strictes pour garantir une meilleure transparence et comparabilité des données publiées par les entreprises. Ces nouvelles normes obligent les entreprises à fournir des informations détaillées sur leurs impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance.
L’objectif de la CSRD
L’un des principaux objectifs de la CSRD est de créer une harmonisation au niveau européen en matière de reporting extra-financier. Ceci rendra plus facile la comparaison entre entreprises et permettra aux investisseurs et autres parties prenantes de mieux évaluer les risques et opportunités liés à la durabilité. La directive met également l’accent sur la notion de double matérialité, c’est-à-dire la prise en compte aussi bien des impacts des activités de l’entreprise sur l’environnement et la société, que des effets des enjeux ESG sur la performance financière de l’entreprise.
« Le développement durable n’est ni une utopie ni même une contestation, mais la condition de survie de l’économie de marché. »
Louis Schweitzer (chef d’entreprise, France)
Les principales nouveautés
La directive CSRD apporte plusieurs nouveautés par rapport à son prédécesseur, la NFRD :
- Extension du périmètre : Plus d’entreprises seront concernées par ces obligations de reporting, y compris les PME cotées.
- Normes ESRS : Introduction des European Sustainability Reporting Standards (ESRS) pour assurer une conformité avec les meilleures pratiques internationales.
- Vérification externe : Les rapports devront être audités par des tiers indépendants pour garantir la fiabilité des informations fournies.
- Numérisation : Encouragement à utiliser le digital pour rendre les rapports plus accessibles et exploitables.
L’intégration des critères ESG à la stratégie d’entreprise
L’intégration des critères ESG dans la stratégie d’une entreprise ne doit pas être vue comme une simple obligation réglementaire, mais plutôt comme une opportunité de création de valeur. En effet, ces critères peuvent aider les entreprises à anticiper les risques futurs, à identifier de nouvelles opportunités de marché et à renforcer leur résilience face aux défis actuels tels que le changement climatique ou les inégalités sociales.
Avantages de l’intégration des critères ESG
Intégrer les critères ESG peut apporter plusieurs avantages aux entreprises :
- Amélioration de la réputation : Les entreprises perçues comme responsables attirent davantage de clients, d’investisseurs et de talents.
- Réduction des coûts : Des pratiques durables peuvent conduire à des économies d’énergie et de ressources.
- Innovation : Les enjeux ESG poussent les entreprises à repenser leurs modèles économiques et à innover.
- Meilleure gestion des risques : La prise en compte des critères ESG permet une meilleure identification et gestion des risques opérationnels et stratégiques.
Mettre en place une stratégie ESG efficace
Pour tirer pleinement parti des critères ESG, les dirigeants doivent les intégrer de manière holistique à la stratégie d’entreprise. Cela implique :
- Identification des enjeux ESG pertinents pour l’entreprise et ses parties prenantes.
- Définition d’objectifs clairs et mesurables en matière de durabilité.
- Mise en place de processus de suivi et de reporting rigoureux.
- Implication de l’ensemble des collaborateurs dans la démarche ESG.
Les nouvelles exigences et les changements apportés par la CSRD
Avec la mise en place de la CSRD, les entreprises doivent se préparer à répondre à un certain nombre de nouvelles exigences. Cette préparation est cruciale non seulement pour la conformité réglementaire, mais aussi pour maximiser les bénéfices potentiels de ces nouveaux critères de reporting.
Ce que couvre la CSRD
La CSRD introduit des exigences spécifiques concernant la manière dont les informations ESG sont collectées, gérées et divulguées. Voici quelques-unes des principales obligations :
- Organisation des données : Mise en place de systèmes internes robustes pour collecter et traiter des données précises et complètes.
- Documentation : Développement d’une documentation détaillée pour expliciter les processus suivis et les méthodologies utilisées.
- Consistance : Défini des indicateurs clés de performance (KPI) homogènes et fiables pour permettre une analyse comparative plus précise.
En outre, les grandes entreprises et ETI françaises devront également se conformer à la facturation électronique obligatoire à partir du 1er septembre 2026, ce qui ajoute une couche supplémentaire de complexité à leur gestion administrative.
Changements organisationnels nécessaires
Adopter la CSRD nécessite souvent des ajustements significatifs dans les structures et les processus internes des entreprises. Quelques exemples comprennent :
- Formation des employés : Sensibiliser et former les équipes à l’importance du reporting ESG et aux nouvelles procédures à suivre.
- Utilisation de logiciels spécialisés : Investir dans des outils technologiques permettant une gestion et une analyse fiable des données ESG.
- Coordination inter-départementale : Faciliter la collaboration entre différents services (finance, RH, RSE, opérations) pour une vision intégrée des enjeux ESG.
La préparation de son entreprise à la CSRD
Puisque la CSRD impose de nouvelles exigences de transparence et de précision, les entreprises doivent mettre en place des stratégies adéquates pour se préparer efficacement. Voici quelques étapes essentielles pour réussir cette transition.
Évaluation initiale
Avant toute chose, réalisez une évaluation initiale de votre situation actuelle par rapport aux exigences de la CSRD :
- Audit interne : Effectuer un diagnostic complet pour identifier les écarts entre les pratiques actuelles et les nouvelles exigences.
- Cartographie des risques : Évaluer les risques potentiels liés à la non-conformité et définir des plans d’action pour les atténuer.
- Analyse de la maturité ESG : Examiner le degré de maturité actuel de votre entreprise en matière de durabilité.
Plan d’action
Sur la base des résultats de l’évaluation initiale, développez un plan d’action clair et structuré :
- Définition des priorités : Identifier les priorités et allouer les ressources nécessaires pour répondre aux exigences de la CSRD.
- Création d’équipes dédiées : Mettre en place des équipes ou groupes de travail chargés de superviser la mise en œuvre des nouvelles procédures.
- Calendrier : Établir un calendrier précis avec des jalons intermédiaires pour suivre les progrès réalisés.
Suivi et amélioration continue
Une fois les mesures mises en place, le suivi et l’amélioration continue garantissent un reporting de qualité :
- Revues régulières : Organiser des réunions périodiques pour évaluer l’efficacité des actions entreprises et ajuster les stratégies si nécessaire.
- Feedback : Recueillir les retours des parties prenantes internes et externes pour détecter les points à améliorer.
- Mise à jour des processus : Adapter et optimiser continuellement les processus de collecte et de reporting des données ESG. Mise en place de systèmes internes robustes pour collecter et traiter des données précises et complètes.